L’Upcycling, c’est la tendance actuelle de l’économie circulaire, ce mot magique sonne tout nouveau dans nos oreilles. Pourtant, l’upcycling est bien connu : en effet, nous avons tous dans notre enfance fabriqué des objets à partir de matériaux de récupération pendant nos ateliers artistiques à l’école primaire ou en centre aéré !

Mais alors, qu’est-ce qui est nouveau ?

C’est simple : l’upcycling ne doit plus être une occupation reléguée à occuper nos loisirs créatifs, mais il doit plutôt devenir un mode de vie écologique  intégré dans notre quotidien et devenir un véritable art de vivre éco-responsable à part entière dans toutes nos habitudes de vie zéro déchet comme le textile, les meubles, la décoration intérieure, les bijoux…

Non, l’Upcycling n’est pas du recyclage, mais du surcyclage !  

Au départ, le recyclage implique bien une réutilisation de matières premières inutilisées ou jetées.  Mais, il implique une destruction préalable des matières ou une extraction d’une partie de celles-ci avec un rejet des parties inexploitables.

Et pendant cette transformation, des produits chimiques sont ajoutés ou la matière première subit un traitement industriel utilisant une profusion d’énergie ou d’eau.

L’upcycling est bien plus doux avec la matière première !

Ce procédé écologique de l’économie solidaire refuse d’employer d’autres ressources naturelles en quantité pour le retraitement de ces objets ou matières. Il n’y a pas de recours aux ressources énergétiques utilisées lors d’un recyclage.

Le concept de l’upcycling prône la récupération et le réemploi des objets dans leur intégralité et il leur apporte une valeur ajoutée. C’est de la réparation pour donner une seconde vie et lutter ainsi contre la surconsommation, c’est une réhabilitation pour donner une utilité sous une autre forme d’usage comme les rideaux recousus en sacs ou cabas, c’est aussi une revente avec un retour économique pour celui qui vend, l’idée du don est ainsi dépassée puisque le vendeur est rémunéré pour la valeur de la ressource cédée.

L’upcycling se traduit en français par surcyclage, il reprend bien l’idée par ‘’up’’ et ‘’sur’’ de la notion de revalorisation créant plus de valeur ou d’attrait à l’objet initial. Alors que le recyclage génère des objets inférieurs en termes de qualité ou d’utilité.

Un peu d’histoire sur les précurseurs de l’Upcycling  

Les précurseurs de l’upcycling avaient l’idée de mettre un coup d’arrêt au gaspillage de la surconsommation et d’alerter dans une attitude écologique sur la raréfaction des ressources naturelles. De ce fait, l’upcycling n’est pas une tendance de mode, mais une vision en pleine conscience pour nous conduire à réadapter nos modes de consommation de façon réfléchie, moins dépensière de notre argent et nous poussant vers la baisse de notre empreinte carbone.

Le terme ‘’upcycler’’ ou ‘’revaloriser’’ par le haut a été prononcé pour la première fois en 1994 par l’ingénieur allemand devenu architecte Reiner Pilz qui estimait que la société allemande recyclait plus pauvrement les objets inutilisés sans chercher à leur donner plus de valeur dans leur seconde vie. Il a observé la métamorphose des objets dans les pays en voie de développement qui retrouvaient une fonction utile et revalorisée dans un contexte économique de restriction. Ce pionnier a lancé une idée percutante qui a amorcé un nouveau concept de production et de consommation.

D’autres initiateurs s’emparent de cette vérité et vont plus loin comme  le chimiste allemand  Michael Braungart et l’architecte américain William McDonough au début des années 2000, ils ont développé une philosophie et une certification Cradle to Cradle de plusieurs niveaux du cycle vertueux de l’upcycling où les objets poursuivent des cycles de vie infinis. Ils ont rédigé un livre emblématique sur l’upcycling Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini.

Et l’Upcycling dans la mode textile alors ?

Le précurseur iconique dans l’univers de la mode upcyclée est sans nul doute le créateur belge Martin Margiela, un avant-gardiste non conformiste né à Louvain en 1957.

Très jeune, il s’intéresse à la mode dans un sens décalé en créant des pièces à partir de vêtements dénichés dans des friperies. Après un poste d’assistant chez Jean-Paul Gaultier, il crée la Maison Martin Margiela à Paris en 1988. Il remporte un an après le Prix de l’ANDAM (association nationale pour le développement des arts de la mode) qui lui sert de tremplin pour lancer sa collection artisanale fondée sur l’emploi de matériaux de confection recyclés.

Ne supportant plus la pression et les dictats de l’univers de la mode, le créateur quitte sa maison de couture en 2009 qu’il laisse dans les mains de John Galliano, elle prend alors le nom de la Maison Margiela .

https://www.youtube.com/watch?v=KqYmQhJcvY8

Source : trailer officiel du film « Martin Margiela : in his own words » réalisé par Reiner Holzemer en 2019

Il n’y a pas de doute que le créateur pionnier de l’Upcycling est bien Martin Margiella, il a réussi un challenge considérable : celui de hisser l’économie solidaire au niveau inespéré de la haute couture avec un écho et des émules dans le monde entier. C’est une grande réussite pour l’upcycling et une avancée majeure pour la notoriété du développement durable dans le textile de luxe.

L’Upcycling se répand dans notre quotidien éco-responsable…

Le surcyclage a fait un chemin considérable et il est devenu une référence dans nos habitudes de consommer différemment : des secteurs se développent et offrent des objets devenus maintenant incontournables.

  • La brocante zéro déchet

L’univers de la brocante est depuis toujours inspiré par la revente d’objets récupérés, réparés ou rénovés et remis sur le marché de la vente, cela passe par le vêtement, les boutons anciens jusqu’aux vieilles voitures recustomisées et marchandées par des amateurs en recherche de la voiture de leur enfance.

  • Le mobilier éthique

Le mobilier est le secteur le plus friand du recyclage du bois notamment. Des marques sont apparues où leur matière première est la palette de bois récupérée. Le succès de ces entreprises est important avec des créations vintage très chaleureuses pour l’intérieur comme pour l’extérieur.

Grâce à la menuiserie, les essences de bois et leurs teintes naturelles s’accordent à merveille avec tous les styles d’intérieur. Canapés, tables, chaises, commodes tirées de ces palettes en bois brut, décapé et adouci révèlent leur coloris sobre et chic.

  • La décoration éco-responsable

L’univers de la création design pour la décoration d’intérieur a beaucoup d’idées ingénieuses. Là, nous constatons deux tendances : celle des créateurs et architectes d’intérieur et celle du Do It Yourself. Le concept de l’upcycling se retrouve bien avec des revalorisations d’objets qui viennent étonnamment s’installer à merveille dans nos maisons.

Les tourets de câbles deviennent des tables, les palettes prennent l’allure de canapés confortables, les vieilles caisses à vin prennent des couleurs et deviennent des étagères ou des bibliothèques…

  • Les travaux créatifs en famille

Les sites internet et les blogs initient leurs internautes à découvrir ou redécouvrir les plaisirs de la couture, du tricot, du jardinage et du bricolage pour décorer son intérieur soi-même.

Là encore, les possibilités sont infinies et deviennent pour certains un loisir partagé en famille où des liens se retissent entre parents et enfants, les seniors redeviennent des maîtres des savoir-faire qu’ils transmettent avec joie.

  • L’horlogerie et la joaillerie vintage

Beaucoup de marques désormais affichent dans leur catalogue des modèles de bijoux exceptionnels ou iconiques revenus du passé. Ce sont des pièces rares qui faisaient jusqu’alors le bonheur des antiquaires.

Désormais, les montres vintage de marque légendaire atteignent des prix démesurés comme les modèles révolutionnaires de la maison Rolex, cela se retrouve aussi dans le milieu de la joaillerie haut de gamme où une recrudescence apparaît, les prix s’envolent littéralement.

  • Les marques de bijoux artisanaux

Les créations de la jeune joaillerie française déclinent des collections de bijoux upcyclés magnifiques, ces productions rencontrent un vif succès avec une nette tendance pour le Made in France innovant.

Les matières premières comme les pierres ou les métaux précieux proviennent d’anciens objets restaurés, refondus ou redessinés, c’est un travail artisanal qui remet au goût du jour le travail fait à la main dans des ateliers installés dans l’hexagone. Des anciens métiers réapparaissent…

  • Les marchés du textile de la seconde main

Là aussi, les vêtements de seconde main sont recherchés et portés avec fierté.  Les sites en ligne de revente de vêtements, chaussures, sacs à main et accessoires sont nombreux et comptent chaque mois plus d’abonnés.

Acheter des vêtements vintage ou upcyclés fait désormais partie des habitudes de consommation de toutes les générations.

Ce que nous pouvons retenir, c’est que l’upcycling n’a pas fini de nous surprendre. Le marketing des grandes entreprises s’y intéresse, les grandes chaînes de magasins n’hésitent plus à reprendre leurs vêtements usagés rapportés en boutique par les clients en échange d’un bon d’achat.

Et, l’idée s’est développée puisque ces marques du textile mettent en place des rayons ou des rubriques spécifiques pour revendre leurs propres articles d’occasion.

D’autres domaines s’y intéressent comme le jardinage, l’art culinaire, les cosmétiques. La tendance issue du développement durable et de l’économie solidaire subit un détournement et devient un argument de vente qui attire les nouveaux consommateurs…

Cela devrait nous interpeller !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster mon commentaire